Le sport en Tunisie est fait, en bonne partie, d’ingratitude. Ingratitude des clubs envers leurs ex-joueurs, des joueurs envers leurs clubs formateurs, du public envers des gloires qui ont terminé leur vie dans la misère, et ingratitude de plusieurs responsables et dirigeants qui ont «réussi» à gravir les échelons de la célébrité et ont oublié les clubs, les personnes qui les ont aidés. S’ajoute à cela un autre type d’ingratitude et de non-reconnaissance blessante, celle des institutions sportives officielles envers les championnes et champions, dames et messieurs qui ont servi le sport sans rien demander ni recevoir. Aux archives de ces institutions (s’il en existe bien sûr), pas une référence sur l’historique, sur les performances du passé, sur le travail des précurseurs.
Bref, un oubli qui vaut un «crime» contre la mémoire, contre les valeurs du sport. Au lieu d’archives structurées, d’initiatives institutionnelles pour rendre hommage aux centaines de sportifs et non sportifs qui ont servi le sport pour le sport, on trouve des supports et des gen, qui servent farouchement les dirigeants actuels. On doit supporter chaque jour leurs photos, leur propagande. Rien ne se dit sur les gloires, les serviteurs du sport qui ont balisé le chemin, mais juste les «tirades» qui sacralisent des dirigeants que seules la chance et la dégradation du sport ont propulsés aux premiers rangs des responsabilités. Aujourd’hui, de grands cadors souffrent, faute de soutien financier, de couverture sociale. Ils terminent leurs vies seuls sans la moindre consolation. Personne ne se rappelle d’eux ni maintenant ni après leur mort. En revanche, les «charlatans» et les «filous» dirigent le sport et font le buzz. De l’ingratitude oui, mais plus que ça, le culte de la médiocrité et de l’ego dans notre sport.